Réflexions d'un expatrié

ou l'Occident et l'Orient dans la ligne de mire !

Bachir, le messager (Flash Bruxellois 35)

Bachir, le messager (Flash Bruxellois 35)

L’aurore, emblème de l’âge des Lumières pour la Liberté, illumine nos esprits et enflamme nos cœurs même dans ces temps robotisés, et je dirais heureusement.

Tant que la passion emballe nos sentiments les plus nobles, la création d’un monde plus vivable et humain reste accessible. Pour préserver notre survie dignement, nous n’avons pas le choix, ne serait-ce que face aux défis d’une population mondiale croissante !

Les phares monumentaux et leur torche guidant les navires, comme ceux d’Alexandrie ou de Rhodes, représentent déjà dans l’Antiquité l’ouverture aux échanges et commerces maritimes. Symboles de la liberté et comptant parmi les sept merveilles du monde, ils sont une belle source d’inspiration pour la postérité !

Lors d’une visite en Egypte, le sculpteur colmarien Auguste Bartholdi croise son compatriote le diplomate Ferdinand de Lesseps concepteur du canal de Suez. La dimension et le rayonnement international de cette construction à l’ordre de jour, passionnent sans tarder l’artiste. Il envisage à son tour, une sculpture monumentale digne de l’importance inestimable du nouveau canal  pour les échanges internationaux.

Depuis les temps pharaoniques, la connexion entre Mer Rouge et Mer Méditerranée reste un rêve inachevé et pourtant aisé à accomplir avec les nouvelles techniques du 19e siècle. Pour l’inauguration du canal de Suez en 1869 Bartholdi, fasciné par les monuments de l’Antiquité, imagine un chef-d’oeuvre de l’esprit humain à l’instar du colosse de Rhodes -phare de 19m de haut- et à l’image de la divinité romaine Libertas. Bartholdi présente au Khedive Ismail Pasha son projet intitulé “La Liberté éclairant l’Orient”. Toutefois ce phare ne verra pas le jour, en raison de finances insuffisantes.

Bartholdi voit enfin une merveilleuse chance de réaliser son chef-d’oeuvre dans le cadre de l’amitié franco-américaine et du centenaire de la déclaration de l’Indépendance. En effet, l’homme politique Édouard René de Laboulaye invite l’artiste à réaliser son oeuvre en l’adaptant au contexte du jubilé américain et dans l’esprit des valeurs communes ! Quoi de plus original comme cadeau de la France qu’une statue représentant la déesse de la Liberté valorisant l’alliance historique et incarnant l’amitié des peuples, la paix et le progrès !

Bartholdi comblé par cette occasion, intensifie ses efforts pour répondre aux exigences spécifiques de ce nouveau projet immense. Il collabore avec Gustave Eiffel en matière de stabilité architecturale. La statue et son piédestal de hauteur égale, mesurent au total 93m, torche incluse. Elle sera érigée sur la future île “Liberty Island” à l’entrée du port de New York.

Le visage de Liberty, sujet de discussions publiques animées, est modulé par l’artiste dans la tradition néoclassique. La tête est coiffée d’un diadème aux rayons ressemblant à ceux d’un portrait du dieu soleil grec Hélios immortalisé sur un sarcophage romain du IIIe siècle ! Son regard orienté vers l’Europe, Liberty tient dans sa main gauche une tablette gravée de la date de l’Indépendance. A ses pieds, les chaînes brisées symbolisent la libération des peuples du joug de l’oppression et rappellent l’abolition de l’esclavage.

Arrivée au port de New York à bord d’une frégate française, les New-Yorkais font un accueil triomphal à la statue. L’inauguration a lieu en 1886 en présence du président Grover Cleveland devant des milliers de spectateurs et invités dont Ferdinand de Lesseps.

Plus tard, une plaque sera gravée des mots lyriques d’Emma Lazarus : “En garde, Vieux Monde, tes fastes d’un autre âge… donne-moi tes pauvres, tes exténués qui… aspirent à vivre libres… Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête me les amène. J’élève ma lumière et j’éclaire la porte d’or !”

Des millions d’immigrés de tous azimuts sont accueillis par Liberty, symbole fort d’espoir d’une nouvelle vie sans condition aucune.

Le mythe du rêve américain à portée de main… “Pursuit of happiness” inclus !