Réflexions d'un expatrié

ou l'Occident et l'Orient dans la ligne de mire !

Wajdi, le passionné (Flash Bruxellois 36)

Wajdi, le passionné (Flash Bruxellois 36)

La liberté et l’ouverture au monde sont la condition sine qua non pour forger un esprit tolérant et humaniste dans le meilleur sens du terme chez notre jeunesse. C’est à l’instar du programme européen d’Erasme de Rotterdam, grand philologue et penseur de la Renaissance, que les idéaux d’humanisme et de libre arbitre sont communiqués aux étudiants. Personnage éminent de la Réformation hollandaise, Erasme séjourne quelques années à Anderlecht/Bruxelles où sa maison est aujourd’hui un musée. Ce grand penseur avec ses visions avant-gardistes est très apprécié comme conseiller auprès des cours européennes. De plus, Erasme de Rotterdam, réconciliateur d’un esprit raisonnable et libre, est considéré comme le maître à penser d’une Europe coopérative.

Les Grecs et les Romains de l’Antiquité eux aussi ouverts au monde, sont fascinés par l’histoire égyptienne. Ils admirent les pyramides et monuments pharaoniques. Il en va de même pour  l’empereur romain Hadrien anno 130 avant notre ère. Les cultes des divinités Osiris et Isis s’installent jusqu’à Rome. Les Ptolémée, d’origine grecque, fondent même la dynastie des Pharaons d’Alexandrie… tout en respectant la continuité des traditions égyptiennes.

Bien plus tard, à partir du 17ème siècle, quelques récits de voyageurs sont publiés. Exemple, ceux de l’Italien Pietro della Valle (1586-1632) décrivant les Pyramides de Gizeh et Dahchour.

Fin du 18ème, l’expédition militaire de Napoléon Bonaparte, en vue de chasser les Mamelouks hors d’Egypte, est accompagnée de 167 scientifiques et artistes expérimentés. Ces derniers étudient de façon approfondie l’archéologie, topographie et histoire naturelle le long du Nil afin de mieux comprendre et documenter cette ancienne civilisation. Un nouveau monde est découvert, retranscrit minutieusement dans l’immense oeuvre “Description de l’Egypte”.

La fructueuse expédition scientifique attire un certain Jean-François Champollion. Passionné, il réussit en 1822 à déchiffrer les hiéroglyphes grâce à la pierre de Rosette… un coup de théâtre mondial ! L’enthousiasme se propage. A présent, il est possible d’appréhender la grande culture pharaonique millénaire et énigmatique ! Un trésor pour la civilisation !

Même le musée égyptien à Rome, fondé en 1839 par le pape Grégoire XVI, contribue à renforcer l’intérêt du public. A l’entrée, dans le Cortile della Pigna, se dresse une immense niche à trois niveaux qui doit son nom à une colossale pomme de pin en bronze ornant l’escalier double de Michel-Ange. Cette pomme de pin provient d’un sanctuaire d’Isis, symbole de l’immortalité dans le culte de cette déesse ! La résurrection du défunt, thématique fondamentale et d’origine égyptienne, se poursuit dans le Christianisme !

En 1867, un rêve devient réalité… l’approche culturelle par le biais de l’Exposition universelle à Paris. Sept millions de visiteurs découvrent la vallée du Nil grâce au magnifique pavillon égyptien conçu par Auguste Mariette. L’Egypte rend visite au cœur de la France… symbolique forte pour sceller l’amitié mémorable entre les deux peuples. Le pavillon égyptien occupe une surface de 6000m2. La partie consacrée à l’Egypte ancienne est précédée d’une allée de sphinx et s’inspire de l’architecture du temple de Philae, en Haute-Egypte. Le pavillon mêle styles de l’Ancien et Nouvel Empire et influences ptolémaïques.

Le Baron Haussmann accueille en grande pompe le Khedive Ismail Pasha. Celui-ci est l’hôte de Napoléon III lors d’un dîner à Saint-Cloud. Après une visite de Versailles, Ismail Pasha se rend en famille au pavillon égyptien de l’Expo en compagnie de l’impératrice Eugénie. Celle-ci manifeste une ardente convoitise pour les magnifiques parures de la reine Ahhotep demandant au vice-roi de lui offrir le collier “aux trois mouches d’or”. Mariette s’oppose fermement à ce caprice impérial. Ismaïl Pacha, gêné par cette situation embarrassante, se montre grand seigneur et gratifie la famille impériale d’une luxueuse dahabieh, bateau à voile triangulaire, venu tout droit d’Egypte.
Une petite anecdote délicate et touchante… d’une diplomatie généreuse… quasi familiale !