Munib, le courageux (Flash Bruxellois 37)
Les étapes de notre vie se succèdent à un rythme frénétique dû à la révolution scientifique et technologique qui nous surpasse. Déjà les penseurs de l’Antiquité sont conscients qu’un changement perpétuel nous domine … “Panta rhei” [tout passe] du philosophe grec Heraclite et “omnia mutantur” [tout est dans le changement] du poète romain Ovide dans “Métaphores”…, les impératifs de l’éternel changement comme constante incontournable… fatalité assurée !
Aujourd’hui, science et technologie atteignent des dimensions souvent incompréhensibles avec des virages abruptes qu’un sentiment d’impuissance nous gagne… en résulte le stress dû à notre civilisation et sa révolution numérique. Incidemment, le stress comme vécu de nos jours n’est pas encore d’actualité dans les temps anciens, eux plutôt tranquilles.
Mais il ne faut pas surestimer la soif des peuples, déjà dans l’Antiquité, pour les divertissements et actions spectaculaires. Les empereurs romains déploient alors tous les moyens pour entretenir les traditionnels bains, tels les thermes d’Agrippa (19 avant J.C) ou celles de Caracalla. Ces dernières ont été inaugurées en 217 et devenues, je dirais le “salon thermal de Rome” pour toutes les couches de la société. Incorporées dans un complexe de 11 hectares avec un immense parc de loisirs, une multitude d’activités sportives et culturelles y sont offertes. “Mens sana in corpore sano” (un esprit sain dans un corps sain), dixit le poète Juvénal.
Les thermes de Caracalla étaient en mesure d’accueillir à elles seules environ 1600 visiteurs ! “Panem e circenses” est la devise des empereurs dans le but de flatter la plèbe. L’imagination et la créativité de bâtir des grands édifices et concevoir des spectacles, je dirais “hollywoodiens“, sont sans borne. Pas étonnant donc que des productions cinématographiques grandioses, comme le classique ”Ben Hur” avec sa séquence de courses de chars, mis en scène par William Wyler (1959), soient commercialisées par Paramount et Universal Studios à Hollywood.
Des scènes de combats des gladiateurs légendaires, dans le Colosseum et Circus Maximus, sont immortalisés par des films en CinémaScope… spectacles colossaux et inoubliables… étant donné que les vrais ”héros” sont plutôt rares ou en voie de disparition ! Un monde rocambolesque s’ouvre et toute une génération tombe en admiration devant ces spectacles, cornet de popcorn à la main, façon années 1950-1970 !
L’empereur Auguste fit ériger dans l’arène Circus Maximus, sur le promontoire central, l’obélisque de Ramsès II ramené d’Héliopolis. Ce monument fut transféré sur la Place du Peuple au 16eme siècle. Un deuxième obélisque, celui de Thoutmosis III de Thèbes, fut érigé sur la place Saint-Jean-de-Latran. Au milieu de cette arène, la spina, sorte d’épine dorsale, délimite une piste de 85m que les concurrents devaient parcourir sept fois. Les vainqueurs des courses percevaient des gains considérables jusqu’à 50.000 sesterces ! L’empereur Néron (54-68) passait pour l’un des conducteurs de chars les plus doués des Prasini, le clan des “Verts” qui livraient d’âpres combats contre le clan des ”Bleus“, les Veneti.
Aux jeux olympiques anno 67, la légende veut que Néron ait accumulé nombreux titres, dont celui du meilleur conducteur de chars… version officielle destinée à soutenir sans modération l’empereur. La rumeur circule qu’il était tombé de son char et ne franchit donc jamais la ligne d’arrivée ! Les attentes du peuple ne cessent d’être plus exigeantes. Les courses de 10 à 12 chars avaient lieu chaque jour, jusqu’à 60 courses quotidiennes. Finalement, c’est le roi ostrogoth Totila (541-552), un barbare (!) qui mit un terme à la sanglante histoire des courses de chars, tradition millénaire !
Ergo, n’est pas toujours un barbare celui qui est nommé ainsi… !? Tout dépend de la perspective du spectateur !
Seul le diagnostic des historiens permet de tenir compte de l’ensemble des aspects donnés… In fine… tous les chemins mènent à Rome !