Faez, le victorieux (Flash Bruxellois 38)
Une part de notre identité patrimoniale se définit par la fierté culturelle qui forge les paramètres d’une convivialité civilisée. La sensibilité, je dirais inhérente dans nos ADN culturels, exige considération et courtoisie. Cela dit, on comprend mieux le tollé à Athènes… en cause Gucci, maison phare du groupe de luxe Kering. Gucci entendait organiser un défilé de haute couture sur l’Acropole, chef-d’oeuvre architectural à la gloire d’Athéna Polias, lieu sacro-saint de la démocratie athénienne ! Le Conseil central d’archéologie grec, sourcilleux gardien du patrimoine antique, y mis son veto. Le temple d’Athéna Parthénos et les propylées -porche d’entrée de l’Acropole- incarnation de l’identité grecque et symbole de l’âge d’or, restent donc en dehors de cette commercialisation.
Le matérialisme “supplanté” par la sensibilité culturelle en faveur de la fierté d’un illustre peuple… l’honneur homérique sauvé avec élégance ! Hommage aussi à Athéna qui, selon la mythologie grecque, plante sur le rocher de l’Acropole un olivier, symbole de paix et d’abondance. Selon la légende, les dieux lui sont favorables et… Athènes est née !
En -480, l’Acropole est saccagée par les Perses et le Parthénon, en bois d’oliviers, incendié ! Plus tard, sous Périclès, l’Acropole s’enrichit de monuments tels l’actuel Parthénon, les propylées, le temple d’Athéna Niké et le théâtre de l’Odéon, tous construits sous la supervision du grand sculpteur Phidias. Unies dans l’Alliance contre les Perses, les cités grecques se placent enfin sous la protection d’Athéna ! La nouvelle Ligue de Délos regroupe environ 200 cités maritimes grecques ! Après l’échec de la flotte de la Ligue, partie au secours des Égyptiens contre les Perses, Périclès, sous prétexte de sécurité, fait transporter le trésor de la Ligue de Délos à Athènes. Il va s’en servir pour reconstruire l’Acropole ravagée ! Finalement, le conseil fédéral de la Ligue est écarté en faveur de l’Assemblée du peuple d’Athènes.
Entre temps, le nouveau roi perse et fils de Xerxès conclut avec Périclès un traité de non-ingérence en mer Égée… La paix de Cimon, ayant écarté la menace perse, est considérée comme le triomphe personnel de Périclès, ainsi que la trêve de Trente Ans avec Sparte, cité martiale et principale rivale d’Athènes. Mais cette trêve est bientôt compromise par l’arrogance d’Athènes et prit fin avant terme. Il s’ensuit donc un long conflit sous la bannière des guerres du Péloponnèse. La reconstruction de l’Acropole ne s’achèvera finalement qu’après la mort de Périclès en -429.
Dès -461, Périclès le stratège, comparable à un Premier ministre, gère Athènes pour trois décades. Sitôt au pouvoir, il consolide les institutions démocratiques de la cité et facilite l’accès de tous les citoyens à diverses responsabilités, accordant ainsi des “indemnités” aux citoyens les plus modestes et aux membres du Conseil des Cinq-Cents ! La culture grecque se propage sous ce dirigeant exceptionnel, sorti vainqueur des guerres médiques.
Les Historiens parlent du “Siècle de Périclès”. Le commerce maritime prospère vite. La philosophie et l’art grecs dans sa diversité rationnelle commencent à laisser des traces dans tout le monde méditerranéen. Des installations portuaires se propagent en Asie mineure, Afrique du Nord, Espagne, France du Sud, et en Sicile carrefour des civilisations. Les cités comme Syracuse, fondées par les colons grecs, exercent une influence certaine et profonde.
Plus tard, Alexandre le Grand conquiert l’Égypte après avoir chassé l’armée occupante perse et se rend vers l’oasis de Siwa. Il se présente en toute humilité devant l’oracle du temple consacré à Amon, qui l’accueille en “fils du dieu d’Amon”. Légitimé par cette élévation et donc respecté par la population, l’empereur fonde, en face de l’île Pharos, la nouvelle capitale portuaire et centre du monde hellénistique… Alexandrie, la splendide !
Créée par Ptolémée Ier, la bibliothèque d’Alexandrie, “officine de l’âme”, sera la gardienne du savoir mondial à l’instar d’Athéna… déesse de la sagesse !