Réflexions d'un expatrié

ou l'Occident et l'Orient dans la ligne de mire !

Ismaïl, le prétendant (Flash Bruxellois 40)

Ismaïl, le prétendant (Flash Bruxellois 40)

Le chaud soleil bat déjà le record de sa plus haute température enregistrée depuis plusieurs décennies pour le Royaume belge. La chaleur atteint 40° coïncidant avec le solstice d’été mettant le pays à l’heure estivale. On ne peut pas dire que le temps ne respecte pas les saisons… Cette chaleur, définie par certains comme insupportable alors que tant attendue, me fait penser au proverbe touareg “Passe la journée au soleil, l’ombre te paraîtra bonne” ! Ou encore, très belge… “Il y a beaucoup de bêtes à l’ombre quand le soleil s’est couché” !

Dans l’Egypte millénaire, dominée par le Nil où le désert commence là où l’inondation s’arrête, le solstice d’été amène la montée des eaux, jusqu’en septembre, sur les berges pour enfin répandre son limon noir fertile sur les terres. Les scientifiques grecs sont fascinés par le Nil débordant en été, contrairement à leur région natale où ce phénomène se produit en hiver. Selon Hérodote, les Égyptiens de leur côté s’étonnent du fait que les pluies arrosent la Grèce !

Les Grecs expliquent la crue du Nil par les précipitations diluviennes en Abyssinie. Les Egyptiens quant à eux invoquent une explication mythologique, celle de la force océanique nommée Hâpy. Opérant par la volonté du dieu solaire, créateur du monde, le génie Hâpy fait monter les eaux de la première cataracte jusqu’à la pointe du Delta.

Le soleil représente l’élément central autour duquel tout s’organise. Chaque nuit, Râ dans sa barque doit affronter des épreuves et vaincre des forces hostiles, notamment l’attaque du serpent géant Apopis. Celui-ci, ayant dévoré Râ et son disque solaire, a plongé le pays dans les ténèbres. Alertée par le peuple en émoi, la déesse Bastet, à tête de chat et réputée bête nocturne, piège avec succès le serpent et lui plante ses crocs dans la nuque. De colère, celui-ci en crache son venin et, avec lui, Râ et son disque. Le peuple sort des ténèbres et le soleil inonde à nouveau le pays !

Hélios, dans la mythologie grecque, fils du titan Hypérion, est associé à Apollon… tous deux représentant la divinité solaire. Helios porte sur sa tête des rais de lumière et traverse les cieux dans un char doré tiré par des chevaux. Il procure la lumière aux dieux et mortels. Petite anecdote céleste… pour une fois que Hélios confie les rênes du char à son fils Phaéton, et vlan patatras celui-ci en perd le contrôle et traça une longue entaille dans la voûte céleste… la nommée Voie Lactée!

Dans la mythologie romaine, Sol est le dieu du soleil, lumière et chaleur. Frère de Luna, il symbolise le cycle des saisons. L’écrivain Ovide s’est plu à faire la description du palais du soleil. Il s’imagine un palais doré, serti de pierres précieuses. Le dieu siège sur un trône d’une lumière si étincelante qu’elle ne peut être soutenue par l’oeil du commun des mortels !

A partir de la Renaissance, la splendeur du soleil sert d’ornement tout comme de personnification pour les privilégiés. Le plus connu est le monarque absolu Louis XIV se voulant l’astre qui éclaire et réchauffe le monde autour de lui. Reconnu par ses pairs comme Roi-Soleil, il règne au centre d’un royaume puissant au zénith de sa gloire. Grand mécène, soutenant écrivains et artistes, il aménage à Versailles un palais majestueux attirant la haute noblesse. Le bassin d’Apollon de Le Nôtre en est la grandiose expression impérative dans l’axe central du domaine face au palais.

Dans le petit parc de Versailles, réaménagé par Hardouin-Mansart, jaillit au centre d’un bassin, entouré d’une couronne de roseaux, un haut et puissant jet d’eau… le Bosquet de l’Obélisque ! Pour les Egyptiens, l’obélisque représente les rayons du soleil éclairant la terre… et la boucle est bouclée , n’est-ce pas ?!