Raouf, le clément (Flash Bruxellois 12)
Un hommage aux femmes de ce monde !
Le 8 mars 1977, l’Organisation des Nations Unies a adopté une résolution engageant les pays membres à célébrer une “Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale”. Cette journée, bénéficiant de différentes appellations selon les conceptions politiques respectives, est célébrée dans de nombreux pays à travers le monde. C’est un jour où les femmes sont honorées abstraction faite des divisions nationales, ethniques, linguistiques, culturelles, économiques ou politiques.
La Charte des Nations Unies, adoptée en 1945, a été le premier instrument international à affirmer le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes. Plus tard, une feuille de route de portée historique fut adoptée par 189 gouvernements. Les grandes directives pour la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes sont établies et résumées selon plusieurs thèmes prioritaires. L’ONU a favorisé la participation des femmes à la réalisation du développement durable, de la paix, de la sécurité et au plein respect des droits de l’Homme ! Favoriser l’autonomie des femmes reste un élément central des efforts en vue de relever les défis sociaux, économiques et politiques. Ce contexte de mémorisation et célébration suscite quelques réflexions sur la relation de la femme par rapport au pouvoir et son éventuel partage au cours des temps, et favorisant ici l’extraordinaire civilisation pharaonique.
Me vient à l’esprit, la célèbre reine Hatshepsout ! Fille aînée de Touthmosis I et de la reine Ahmosis, Hatshepsout grandit en s’intéressant aux affaires du royaume. Mariée à Touthmosis II, son demi-frère, elle s’implique dans les dossiers de la politique du pays et, à la mort de son époux, assume la régence du jeune Touthmosis III, son beau-fils. Soutenue par la frange conservatrice et pacifiste de la noblesse, Hatshepsout s’appuie sur son ascendance divine pour prendre le titre de pharaon et s’emparer du pouvoir. Elle accorde à Touthmosis III le titre de pharaon-associé, mais assure seule la gestion du royaume. Se faisant représenter en Osiris barbu, lors de ses apparitions en public, vêtue en homme pour asseoir son autorité, elle règne sur l’Égypte pendant près de vingt ans (environ 1504 à 1482 AC).
Reine pacifique, elle donne un essor considérable au commerce et aux sciences. Elle lance une expédition vers le mystérieux pays de Pount d’où les Égyptiens rapportent bois aromatiques, résines précieuses, parfums, huiles de sycomore, or et ivoire, animaux sauvages.
Seule reine à porter le titre de pharaon à part entière, Hatshepsout se fit construire un magnifique temple funéraire à Deir el-Baharia. Ce monument sans égal, en parfaite harmonie avec la nature, est l’œuvre de Senmout, l’architecte le plus original de l’Égypte ancienne et dans la tradition du grand maître Imhotep. Si Hatshepsout accéda au titre de pharaon, nombreuses furent les reines qui prirent une part non négligeable aux affaires du royaume. Princesses de sang, ayant la légitimité royale dans un pays où la filiation était établie par la mère, elles assurent la continuité dynastique et politique. Elles gouvernent lorsque leurs époux partent à la guerre et assument fréquemment les régences. Tiyi, épouse d’Aménophis III et mère d’Akhénaton, exerce une influence déterminante et joue un rôle de premier plan dans la révolution amarnienne qui marquera le règne de son fils. Sa belle-fille, Néfertiti, participe à l’essor du culte d’Athon et prend des décisions politiques. Quant à la belle et très cultivée Cléopâtre VII qui, se rendant compte de la faiblesse de l’Égypte, cherche à utiliser la puissance de Rome en forgeant les alliances avec César et Marc-Antoine afin d’affermir son pouvoir tout en maintenant son indépendance.
Les reines d’Égypte furent bien plus que de simples “grandes épouses royales” !
Ergo, un petit clin d’œil, même quelques millénaires en arrière de notre Histoire, suscite des réflexions lucides et, pourquoi pas, fructueuses en faveur des femmes, n’est-ce pas ? !