Réflexions d'un expatrié

ou l'Occident et l'Orient dans la ligne de mire !

Adom, le paon (Flash Bruxellois 15)

Adom, le paon (Flash Bruxellois 15)

On a déjà évoqué le printemps et l’importance des fleurs pour l’humanité dans son histoire et bien là, le soleil m’encourage à poursuivre ce sujet fascinant !
Bruxelles “la Belle”, ville verte en fleurs et sa vingtaine de grands parcs, de style plutôt romantique, des étangs naturels, saules pleureurs, nénuphars et palmipèdes, déroule tous les deux ans son joli “Tapis de Fleurs” sur la Grand’Place. L’œuvre éphémère est un vrai puzzle floral géant de 1.800 m2 de bégonias. La 20e édition, prévue mi-août, mettra à l’honneur le Japon ; la précédente célébrait les 50 ans de l’immigration turco-marocaine !

Toute cette beauté avec son tapis de fleurs me donne le vertige… et me transporte vers les temps lointains au bord de l’Euphrate et du Tigre, me remémorant la légende de Sémiramis. La fondatrice royale de Babylone aurait créé dans ses palais les fameux jardins suspendus, considérés par certains comme une des merveilles du monde ! Lesdits jardins auraient été situés à Ninive.

Dans l’Antiquité, sous l’Empire romain, les grands thermes sont souvent entourés de parcs luxuriants ornés de nymphées. Les villas en atrium des riches notables, commerçants et des lupanars, inspirées de l’architecture étrusque, possèdent en leur centre un bassin (impluvium) qui recueille l’eau de pluie s’écoulant de l’ouverture du toit. Cette eau passe ensuite dans une citerne souterraine pour enfin se déverser dans les jardins par d’étroits couloirs. Des vestiges et reconstructions de quelques-unes de ces villas, certaines aux fresques sublimes, sont encore visibles à Herculaneum et Pompéi, ensevelies sous les cendres après l’éruption du Vésuve en 79 de notre ère.

Quelques siècles plus tard, aux temps dorés de la civilisation arabo-musulmane, sur la péninsule ibérique, où musulmans, juifs et chrétiens vivaient en paix, le jardin andalou ou hispano-mauresque est devenu l’évocation du paradis sur terre. Il est symétrique et se présente sous la forme d’un rectangle allongé. Ce jardin, toujours bien ventilé, comporte des axes partagés en quatre parties, lesquels bordés par des massifs de fleurs écarlates et de buissons aromatiques embaument l’air de leurs parfums. Des pots ou jarres de couleur bleue agrémentent magnifiquement ces allées. Au fond du jardin, la maison principale, au style mauresque avec ses colonnades et arcades blanches, y domine… Les parfums des fleurs se mélangent à ceux des oliviers, figuiers et palmiers. Depuis le VIIIe siècle, les exemples de cette civilisation andalouse, apportée par ceux que l’on appelait les Sarrasins, sont multiples. Grenade, Cordoue, Séville et Valence avec leurs palais d’une splendeur extraordinaire et leurs jardins d’agrément dépeignent la passion de l’époque pour la beauté et l’harmonie d’une nature ordonnée. On y cultivait des plantes rares, délicates, utiles ou aromatiques, grâce à des systèmes d’irrigation sophistiqués. Dans les riches demeures et palais, le “riyad” avait soit adossée à un mur de la cour une fontaine aux zelliges et plâtre sculpté, soit en son centre, une vasque-fontaine en marbre mise en valeur par son sol de céramiques aux motifs géométriques.

Le tour du “monde” n’est pas terminé… ! Restons dans l’Antiquité et jetons un regard vers les temps pharaoniques.
Les Égyptiens ont une prédilection pour les jardins, les appréciant pour leur calme et la fraîcheur qu’ils procurent. À partir du Nouvel Empire, ils deviennent de véritables œuvres d’art. Ils sont aménagés avec des allées à angle droit délimitées par des parterres rectangulaires ou carrés, plantées d’arbres, de fleurs et abritant un ou plusieurs étangs où s’ébattent les canards. Lorsqu’un plan d’eau est suffisamment vaste, des petites barques permettent au maître de maison et à sa famille de s’y promener ! Ces jardins avec leur pavillon sont propices à l’intimité. Les Égyptiens s’y reposent bercés par les chants des oiseaux, entourés de lotus aux fleurs bleues, lys roses, tamaris poivrés, rosiers, envoûtés par les arômes des figuiers, hibiscus, jasmin, iris et… papyrus… symbole de joie. En témoigne le livre des Morts de Nakht (XVIIIe dynastie) montrant le défunt dans les jardins de sa demeure !

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