Farid, l’incomparable (Flash Bruxellois 18)
“Panem et circenses” pain et jeux du cirque pour le peuple ! La fièvre du foot est à son apogée à l’occasion du déroulement du championnat européen. Les divers groupes de supporters sont dans tous leurs émois, les uns satisfaits, les autres désespérés.
Évidement nos amis Belges célèbrent avec euphorie leur équipe nationale bien aimée, les Diables Rouges ayant atteint les quarts de finale de l’Euro 2016 !
Leurs fans montrent une bonne humeur festive et amicale tout comme envers ceux des équipes adverses. Lors de leur défaite, ils ont même organisé une haie d’honneur pour les supporters Gallois ! Un comportement exemplaire dans un contexte d’agissements souvent contraires aux règles du fair-play.
Dans un passé pas si lointain, lors de notre séjour au Caire, je revoie et sens encore la fascination pour le ballon rond des supporters des “Diables Rouges” égyptiens du Sporting Club Al Ahly à Zamalek. Club de foot le plus couronné d’Afrique, celui-ci doit son succès à Manuel José le réputé entraîneur portugais, du moins à cette époque ! Je me souviens encore de moments extraordinaires sur le fond d’une confusion me hantant tout du long.
L’énigme : j’étais involontairement une sorte de sosie du fameux Manuel José ! Le début de belles aventures a vu le jour dans cette mégapole, apparemment l’épicentre du foot africain ! Mon nom étant trop difficile à retenir me semble-t-il, je fus tout simplement “baptisé” Manuel José ! Dans notre résidence, il était toujours préférable de demander “Manuel José” auprès des gardes de sécurité, car sous mon vrai nom, je n’existais pas ! Autre exemple, les serveurs du restaurant “Le Séquoia” courant après moi pour me soutirer un autographe.
Au début, j’étais dans le déni, ne voulant pas accepter une vie ressemblant à “nobody” comme Ulysse dans son aventure avec le monstrueux cyclope Polyphème à l’œil unique. Mais j’ai vite compris qu’il était inutile de résister, et plutôt accepter cette nouvelle vie de sosie. Les gens à mon égard étaient toujours très souriants. Petite anecdote : quotidiennement, sur l’autoroute direction Sixt of October City ou Alexandrie, les automobilistes et leurs passagers me faisaient des signes joyeux. D’autre fois, les occupants d’un bus bondé, arrêté au feu, en ont profité et sont sortis se ruant vers notre taxi ! Ashraf, en panique, me demanda d’abaisser la vitre pour saluer chaleureusement les fans de Manuel José. Une vingtaine de personnes ont applaudi… je leur ai serré la main, à tous… J’ai même eu droit à quelques bises sur le front ! Le feu passant au vert, les fans sont remontés dans le bus et ont continué leur route. Pour ma part, je suis resté comme foudroyé… sous le regard admiratif de notre fils qui m’a soutenu dans cette épreuve !
Puis les rêveries sur ma nouvelle vie avec le football comme destin final ont envahi ma tête. J’ai commencé à l’accepter volontiers et ressenti une réelle satisfaction à jouer mon rôle “imposé” avec dignité et habilité en référence à mon grand modèle Manuel José ! Ma douce moitié commença à s’inquiéter que ma personnalité, plutôt agréable, ne puisse changer ! Nous nous sommes enfuis à Sharm El Sheikh pour calmer les choses. J’étais enfin content de me retrouver ! Un séjour exquis ! Quelques jours plus tard, une délégation est arrivée à notre table me demandant poliment si je voulais bien poser avec toute l’équipe du Hilton ! J’avoue avoir été très flatté ! Nos enfants ont trouvé “hallucinant” de me voir rayonnant de joie, aux anges ! A présent, ce chapitre est derrière nous, le portrait de mon modèle décroché et l’équilibre retrouvé !
Mais, et il faut que cela reste entre nous…, il y a des amis égyptiens qui jurent haut et fort que j’ai un air de ressemblance avec Richard Gere ! Là, je suis tenté d’y croire… À vérifier donc ! …
Eid Moubarak !