La saison estivale bat son plein… les capitales européennes plongées dans le creux de l’été… en première ligne Bruxelles, orpheline de ses fonctionnaires, offre un tableau à dominance folklorique et touristique.

Attiré par le sud-ouest européen et sa douceur rayonnante, ses senteurs et saveurs, le privilège d’une escapade familiale en Algarve, “al-Gharb al-Ãndalus” -Andalousie de l’Ouest… se manifesta pour moi, déjà visiteur de la région peu après sa “révolution des œillets” en 1974. L’ère post-Salazar a propulsé le développement du Portugal surtout son économie touristique en Algarve, non sans oublier Lisbonne sa capitale, Porto et son négoce de vins, Coimbra et son université. Dixit l’adage “Pendant que Lisbonne se fait belle, Coimbra étudie, Braga prie et Porto travaille “…

L’Algarve se démarque à l’ouest par ses côtes océaniques aux nombreuses belles plages et formations de grottes dans la roche calcaire ; au nord par la région de l’Alentejo, alimentée par le fleuve Tage, ses vignobles et plaines à perte de vue, rythmée par les forces de la nature et la nonchalance et ténacité de sa population ; et à l’est par le fleuve Guadiana, frontière naturelle avec l’Andalousie et son histoire et culture communes.

Aux alentours de l’An Mil, le pays était sous domination arabo-berbère comme la plus grande partie de la péninsule ibérique. Le tournant de l’histoire pour le Portugal commença avec les libérations, par Alfonse Ier “Le Conquérant”, de Porto lors de la bataille d’Ourique… puis, en 1147, de Lisbonne jusqu’alors sous le règne musulman et ce depuis quatre siècles. Lisbonne devient, de ce fait, la nouvelle capitale du Royaume.

Nos pas nous mènent vers Silves, ancienne capitale almohade de l’Algarve, à l’occasion de sa “Feira Medieval”. Elle fait revivre la ville au gré des reconstructions historiques du XIIème siècle. Se promenant autour de l’impressionnant château mauresque Al Haram -Le Rouge-, le public est plongé avec émerveillement dans une ambiance de chants et danses des ménestrels, aux sons des ouds, tambours, flûtes et costumes d’époque. Restant dans l’authenticité, les collations sont réglées en Xilbs, ancienne monnaie officielle de Silves.

Ibn Qasi, natif de Silves, est une figure emblématique de l’histoire locale. Issu d’une famille aisée, il renonce à nombre de ses biens les offrant aux pauvres, le reste servant à construire un monastère pour les moines guerriers, les “rîbat”. Ce monastère deviendra le centre de sa propre doctrine du mouridisme sur les bases spirituelles du soufisme. Il entame une guerre politique en alternance avec les Almoravides et les Almohades lui permettant ainsi d’accéder à la gouvernance de Silves et sa région. Son destin tragique sera marqué par son alliance avec Don Alfonso Henriques, seigneur du Portugal. Quel affront pour les dominants Almohades mais surtout indignation pour les classes aisées musulmanes au pouvoir ! Clairvoyant, la vision de sa propre mort le hantait… Ibn Qasi est assassiné et décapité par des conspirateurs qui exhibent la tête du maître mouride sur sa lance et parcourent les rues de la ville en scandant : “Voici le Mahdi des Chrétiens”. Avec sarcasme, l’histoire le déclare “Maître errant vaincu par le destin” !

Le Portugal cultive la nostalgie d’une histoire millénaire qui l’a un temps propulsée à l’avant-garde de l’aventure européenne. Encouragés par l’Infant Henri le Navigateur, les marins portugais s’offrent un rôle pionnier dans les grandes découvertes telles les îles Açores, Canaries et Madère. Bartolomeu Dias contourne la pointe de l’Afrique qu’il nomme le Cap des Tempêtes. Poussant l’aventure plus avant, il participe avec Vasco de Gama à l’expédition vers les Indes. En 1500, il accompagne Pedro Alvares Cabral lorsque celui-ci découvre par hasard le Brésil. Peu après, le redoutable Alfonso de Albuquerque s’empare de Goa et devient vice-roi des Indes portugaises. Pour couronner le tout, Magellan et Del Cano réalisent le premier tour du monde à la voile !

Encore un peuple qui, à la recherche de nouveaux horizons, a révolutionné notre monde… !