Réflexions d'un expatrié

ou l'Occident et l'Orient dans la ligne de mire !

Amam, le protecteur (Flash Bruxellois 23)

Amam, le protecteur (Flash Bruxellois 23)

Notre GPS nous a enfin ramené vers notre port d’attache. Et ce sans se trouver en situation mélodramatique pareille à celle du « Fliegender Holländer / Vaisseau fantôme » de l’opéra de Richard Wagner, condamné à errer sur les mers du monde comme vaisseau sans âme !

Après notre escapade à Strasbourg, nous avons jeté l’ancre à Bruxelles. Hormis l’Atomium ou encore la coulisse moderne du quartier européen, nous salue, au loin, non pas une cathédrale comme à Strasbourg la romantique, mais plutôt l’imposante coupole dorée du Palais de Justice. C’est un ouvrage gigantesque et surdimensionné avec ses colonnes néo-classiques de 40m de haut. Une grandeur contestable mais typique de l’impérialisme du 19e siècle et sa nostalgie des temps glorieux d’antan. L’incarnation du pouvoir de l’Etat et de l’Ordre public, prédominante dans la pensée étatique et monarchique. A son époque, le plus grand bâtiment européen qui, tel un rocher dans le ressac envers vents et marées, veille au respect de la nation et de ses valeurs !

Comparables aux édifices phénoménaux des cathédrales, comme entre autres celle de Strasbourg et sa flèche atteignant 142m, ces constructions démarrent dès le début du Moyen-Age. A Strasbourg, la très honorable “Loge Suprême du Saint Empire romain germanique” suit les travaux et ce pendant toute la période de construction, ergo des siècles durant. La splendeur de ces bâtiments sacraux, non sans oublier la fameuse cathédrale de Cologne et bien d’autres, inspirent aux croyants crainte respectueuse et humilité. Les tours de style gothique émergent haut dans le ciel tels les minarets, manâra ou phares -en allusion au fameux Phare d’Alexandrie. On dirait qu’ils dépassent le terrestre et se rapprochent de la divinité.
Le Caire, ville aux mille minarets, peut se vanter de la mosquée d’Ibn Touloun, la plus ancienne du Caire, et de celles de l’époque fatimide. S’ensuivent maintes autres d’importance au fil des temps.

Dans cette course aux hauteurs, l’énorme et très luxueuse mosquée Hassan II à Casablanca, tel un phare planté en bord de mer, est en pole position ! Conçue par l’architecte Michel Pinseau et achevée en 1993, elle se dote toutefois du plus haut minaret du monde… 210 mètres ! Nous avons eu l’opportunité, avant son inauguration, d’y effectuer une visite exceptionnelle, profitant de toute sa splendeur. Un moment précieux, en conformité avec les coûts de sa construction… financés par souscription obligatoire des Marocains !

Les Almohades, au XIIe siècle, construisent de splendides mosquées. Témoin en est la Koutoubia à Marrakech proche de la fameuse et très appréciée grande place Jemaa El Fna. Celle-ci offre ses spectacles nocturnes uniques de l’orient des Mille et Une Nuits. Il est relaxant voire hypnotisant de contempler cette comédie du haut d’une des terrasses de restaurants ou cafétérias. Le Café de France, institution réputée depuis toujours, est une place de choix pour laisser libre cours à ses rêves ! L’ambiance des va-et-vient entre stands ambulants et échoppes de fritures diverses attire les “bidons” qui gargouillent. Si la chance est avec eux, les badauds y trouvent leur bonheur. Ils se délectent de mets délicieux dans tout ce grouillement et confusion régnants. De la fumée s’échappe deci-delà, les crieurs racolent les clients en chantant leurs louanges et, au loin, on perçoit le son mélodieux des flûtes essayant de charmer les serpents… ou seulement les touristes !
Il ne reste plus qu’à déguster, pour ravir les palais, d’excellentes variations de tagines, couscous ou pastillas royales dans un cadre féerique…et la vie est belle ! La foule de touristes et habitants déambulant sur cette place qui conduit vers la médina est impressionnante.

“Si considérable que leurs flots la font ressembler à une mer agitée” … paroles de l’explorateur berbère Ibn Battuta de Tanger dans son Carnet de Voyages… exprimant ainsi ses impressions à son arrivée dans le Caire du XIVe siècle !
Ces mots sont d’une telle vérité, ne dirait-on pas éternelle…? !