La musique est dans l’air… les festivals saisonniers battent leur plein dans l’ère automnale… Les passionnés de musique country ont une pensée pour Nashville/Tennessee, ceux du blues pour Memphis et sa célèbre Beale Street aux nombreux clubs et music halls. Elvis Presley, le roi du rock’n roll, y a grandi et nous quitte en 1977. Sa somptueuse demeure “Graceland“ est depuis un lieu de pèlerinage.

L’histoire quant à elle, nous raconte la version de la plus vieille capitale du monde des temps pharaoniques… Après la réunification de la Haute et Basse-Égypte, le roi Ménès, Ière dynastie, fit bâtir une citadelle stratégique et symbolique… Memphis est née ! A la jonction du Delta et de la vallée du Nil, elle devient la plaque tournante d’un intense trafic commercial portuaire.

Son successeur, Téti Ier, érige un palais, plutôt centre administratif, tandis que Abydos, au sud, garde encore la primauté spirituelle. La cité devient finalement capitale d’Égypte sous le règne de Djoser, à la IIIe dynastie, et des chantiers surgissent de partout. La fondation de la grande nécropole de Saqqarah lui donne un élan définitif. C’est Imhotep, l’architecte de renom, qui construit la première pyramide à degrés. Memphis devient l’une des cités les plus cosmopolites de l’Antiquité…

A partir de la XVIIIe dynastie, l’agglomération memphite s’étale jusqu’à Gizeh. À sa déchéance du rang de capitale au profit de Thèbes, elle n’est plus gouvernée que par les princes héritiers. Lorsque Ramsès II érige sa nouvelle capitale Pi-Ramsès dans le Delta, il n’en néglige pas moins la vieille cité y construisant un temple imposant… en témoigne encore une statue à son effigie.

La fondation de la ville d’Alexandrie, en 332 avant J.-C., n’entraîne pas pour autant le déclin de Memphis qui, sous les Ptolémée, reste sous les auspices de Ptah. Seuls quelques siècles plus tard, Alexandrie, première métropole du bassin méditerranéen, s’empare de la gloire de Memphis dont les pierres seront utilisées pour bâtir Le Caire “La Victorieuse”. Dans la mémoire de notre civilisation, Alexandrie la rayonnante, est depuis toujours associée à l’âge d’or de l’ère Ptolémée, mais également aux histoires rocambolesques et tragédies amoureuses…

L’empereur Hadrien, fils adoptif de l’imperator Trajan, parcoure et inspecte son vaste empire romain. Voyageur infatigable, il est aussi à la recherche de la beauté culturelle. Le 30 octobre 130, Hadrien accoste dans le port d’Alexandrie avec son équipage et ses fidèles, parmi eux le jeune et beau grec Antinoüs, dont l’empereur est tendrement épris. Il s’enthousiasme à l’idée de montrer à Antinoüs les grandeurs de l’antique civilisation égyptienne. Lors d’une escale sur un Nil paisible, Antinoüs est retrouvé noyé dans des circonstances obscures. Au loin, des lamentations aiguës résonnent tout au long du fleuve… c’est l’anniversaire d’Osiris, dieu des agonies ! Anéanti par ce drame et conforté dans ses pressentiments, Hadrien élève le jeune homme au rang de Dieu ! Il fait bâtir un temple dédié au jeune Grec dans une ville qu’il nommera Antinøpolis sur la rive droite du Nil… Ses ruines, encore largement visibles lors de l’expédition napoléonienne, disparaissent au cours des temps, touchées par un destin équivalent à celui de Memphis.

J’aimerai mentionner que le mérite revient à l’empereur Hadrien, le bâtisseur, d’avoir érigé le Panthéon en hommage à Vénus, au cœur historique de Rome. Édifice antique avec sa coupole audacieuse et son oculus comme une voûte céleste, il a traversé les temps et servi de modèle à Michel Ange pour la basilique Saint-Pierre de Rome… L’artiste d’excellence de la Renaissance, maître de la beauté sublime aux chefs-d’oeuvre immortels, le nommé Raphaël, y repose… Sur son sarcophage, on lit l’épitaphe : “Ci-gît Raphaël, à sa vue la nature craignit d’être vaincue ; aujourd’hui qu’il est mort, elle craint de mourir”…

Le Panthéon sous bonne garde de l’obélisque de l’époque de Ramsès II, sur la bella Piazza della Rotonda.
Wolf