Babafemi, l’impulsif (Flash Bruxellois 28)
Après brume, tempête et mer déchaînée, voici les surprises hivernales qui s’annoncent. Les animaux, ours et compagnie, ont hâte de se mettre à l’abri. La nature a le pouvoir de se montrer sévère et indulgente tel un adversaire redoutable qu’il ne faut pas sous-estimer. L’homme, même confronté à des catastrophes comme tremblements de terre, tsunamis, typhons ou éruptions volcaniques, a décidé de résister droit dans ses bottes, fier de sa grandeur au milieu de notre univers.
Dans le panthéon des dieux romains, Vulcain, ancien dieu du peuple Italique, en fait partie… comme un pressentiment qui se confirme d’ailleurs brutalement le 24 août 79 de notre ère avec l’éruption du Vésuve à Naples !
Les conséquences sont désastreuses pour les villes de Pompéi et Herculaneum … toutes anéanties en quelques heures sous une couche de plusieurs mètres de cendres et matières éruptives. Le scénario de la vie quotidienne en cours de solidification semble irréel, comme un instantané du moment. Pompéi livre des scènes choquantes aux archéologues des premières fouilles… des humains et animaux pétrifiés dans leur dernier souffle. Une population de 15000 personnes y périt asphyxiée dans leurs maisons, piégée dans les souterrains comme dernier refuge. Le vide dans les calques de plâtre, laissé par les corps enfermés dans la dure écorce de cendres et de graviers, témoigne de cette catastrophe. L’éruption du Vésuve est décrite dans une lettre de Pline le Jeune adressée au sénateur et historien Tacite.
Pompéi est redécouvert après des recherches approfondies sous la domination napoléonienne. Puis, entre 1815 et 1832, on découvrit le Forum, la Basilique, les Thermes mineurs, la Maison du Faune -nommée d’après sa statue “faune dansant”- et celle du Poète Tragique. En 1860, la direction royale des travaux confie les fouilles à Giuseppe Fiorelli qui a eu le mérite d’introduire des procédures strictement scientifiques.
Par la pluie de cendre provoquée par l’éruption, statues et peintures murales ont pu être conservées. Les fresques sont plutôt des décorations intérieures des maisons résidentielles, réalisées sur plusieurs couches de plâtre aux techniques diverses. Multiples styles architecturaux d’une riche ornementation, aux perspectives du “style de la fantaisie”, sont souvent réunis. Bon exemple, la riche maison des frères Vettii, commerçants très fortunés ! Les somptueuses résidences et leurs belles fresques propagent fréquemment des mystères divins tel le culte grec du dieu Dionysos, très répandu en Campanie et en Etrurie. Le culte théâtral avec ses débauches orgiaques venu de Sicile, arrive jusqu’à Rome en tant que culte de Bacchus, et pratiqué en secret par des prêtresses. La “domina” ou maîtresse de maison de la Villa des Mystères est une prêtresse du rite dionysiaque qu’elle célèbre dans le triclinium. Sur ces fresques, on peut toujours admirer des groupes de personnages participant aux rituels mythiques. L’imposante frise, exécutée sur fond rouge sombre, révèle sa composition grandeur nature. L’harmonie s’articulant entre les différents protagonistes est digne d’un grand peintre de l’époque classique. Cette peinture est reconnue comme un des chefs-d’œuvre de l’Antiquité ! Les rituels dionysiaques, cités dans plusieurs rapports, se propagent dans l’ère ptolémaïque jusqu’en Egypte.
Nous laisse également perplexe, l’art précurseur des portraits exquis et raffinés de la Renaissance que l’on trouve déjà à Pompéi tout comme en Égypte, principalement dans l’oasis du Fayoum ! Quelle coïncidence ! À Pompéi, un des portraits d’exception aux traits personnalisés, montre un dénommé Paquius Proculus et son épouse. Au Fayoum, sous le règne d’Auguste, une centaine de remarquables portraits, aux regards naturels, de style gréco-romain sur panels en bois ou lin, peints du vivant des défunts, sont appliqués sur les sarcophages !
Belle synthèse… les plus anciens portraits que l’histoire nous ait légués par des fouilles ici et là !
L’espace entre les voisins méditerranéens n’est jamais assez grand semble-t-il comme barrière culturelle… même dans l’espace-temps…