Adil, le juste (Flash Bruxellois 29)
L’hiver a fait son apparition dans la capitale européenne sans crier gare. Un soleil lumineux éclaire le ciel azur, un vent glacial fait penser au Groenland et ses immenses glaciers, pays des ours blancs. Les Ice & Snow hôtels s’inspirent des igloos traditionnels du peuple indigène de l’Arctique ravissant les amateurs de sports d’hiver. Très en vogue au Groenland, en Laponie, Finlande ou Suède, ils s’exportent jusque dans les Alpes suisses et les villages d’igloos à Gstaad !
Les igloos sont formés de blocs de neige compacte empilés en spirale. En bouchant les espaces entre les blocs avec la neige, l’igloo prend sa forme arrondie. A l’aide d’un couteau à neige, on y découpe portes, fenêtres et trous d’aération. Un bloc de glace placé comme fenêtre dans les ouvertures laisse passer la lumière ! Le tout vite bâti, non polluant, respectant l’environnement ! Et en prime, un bonhomme de neige pour petits et grands !
La technique fait penser à la construction des pyramides en blocs de pierre taillée. Seul le transport de ces blocs énormes nécessite une technique sophistiquée. Sous Aménophis IV, ensuite nommé Akhenaton, les architectes réduisent la norme des cubes de pierres permettant aux ouvriers de les porter ! La production des ”talatats” pour de nouvelles constructions a commencé… Le préfabriqué des temps modernes d’une flexibilité agrandie !
A Karnak, au cours des cinq premières années, Pharaon instaure le culte d’Aton ! Aussi a-t-il hâte de bâtir des édifices respectant le nouveau culte monothéiste et achever cette “révolution” principalement contre le puissant et redouté clergé d’Amon. Pharaon décide de remettre au goût du jour Aton, ancien dieu d’Héliopolis, l’antique métropole sacrée. Cette réforme bouleverse la structure religieuse ancestrale du pays.
Le jeune Aménophis IV accède au trône d’Egypte vers 1375 avant notre ère. Il hérite d’un pays au sommet de sa puissance. Après sa vénération au dieu traditionnel à tête de rapace surmonté d’un disque solaire, le souverain se voue à Aton n’en retenant que le disque. Alors que les premières talatats à Karnak montrent encore le dieu-faucon, les pierres plus récentes représentent Aton en soleil dominant, caressant de ses rayons lumineux le roi et la reine Néfertiti “la belle est arrivée“.
Les temples sont des autels ouverts au soleil. Sans toit, plus besoin de murs porteurs en grosses pierres, la légèreté des talatats suffit ! Pharaon abandonne Thèbes et fonde sa nouvelle capitale plus au nord sur la rive droite du Nil, baptisée Akhet-Aton “l’horizon du disque”. En quelque années, surgit une grande ville délimitée par une imposante bordure de falaises. Avec Akhenaton s’ouvre une ère bénie pour l’art égyptien. Les artistes, sculpteurs et graveurs sont libérés des conventions traditionnelles. La nouvelle vision du monde est plus réaliste et bucolique, spontanée et sensuelle. Les époux royaux se présentent comme divinités sous les rayons du soleil et aussi dans leur intimité familiale… choses jamais vues ! Tout comme le culte d’Aton, cette révolution artistique ne dure que le temps du règne d’Akhenaton.
Son héritier et fils cadet, le jeune pharaon Toutankhamon restaure l’ancien culte d’Amon à Thèbes. La cité d’Akhet-Aton est laissée à l’abandon et démantelée de sa substance durant l’époque ramesside. Début du XVIIIe siècle, elle fut évoquée sous le nom de Tell-el-Amarna ! Sur son débarcadère, un grand panneau orné des têtes stylisées d’Akhenaton et de la ravissante Néfertiti accueillent les voyageurs… ”Soyez les bienvenus, la civilisation a commencé ici” !
Une civilisation encore trop futuriste pour son époque ! Temples, palais et habitations ont disparu depuis, mais pas leurs fondations qui témoignent encore de la conception d’une grande ville sous le Nouvel Empire… l’empreinte d’une cité millénaire.
Ce n’est pas pour rien que Tell-el-Amarna est aussi appelée “la Pompéi égyptienne”… et voilà, le cercle d’histoire, semble-t-il, se ferme à nouveau !