Réflexions d'un expatrié

ou l'Occident et l'Orient dans la ligne de mire !

Naadir, le mystérieux (Flash Bruxellois 34)

Naadir, le mystérieux (Flash Bruxellois 34)

Dans l’Antiquité, les rêves sont perçus comme des messages envoyés par les dieux et par conséquent soumis à l’interprétation des prêtres maîtrisant l’oniromancie. C’est au siècle dernier, en revanche, que nombre d’artistes du surréalisme désirent recréer le monde onirique des rêves par des représentations réalistes !

L’interprétation des rêves n’est pas une préoccupation pour ces adeptes d’un surréalisme illusionniste. Ils sont plutôt impliqués dans la recherche de l’inconscient et sa visibilité accrue dans leurs créations artistiques ! Parmi eux, se trouvent l’artiste belge d’excellence le peintre René Magritte et des vedettes internationales comme Salvador Dali, Yves Tanguy, Max Ernst, non sans oublier le sculpteur belge de poids, Paul Delvaux. Les membres de cette branche du surréalisme se servent de la nature, animaux et figures humaines… Cependant, les éléphants en échasse ou les montres molles sont des éléments réalistes, modifiés d’une façon paradoxale sur les toiles de Dali.
Fondé par le poète André Breton à Paris en 1924, le surréalisme estime que des siècles de rationalisme ont réprimé les valeurs du subconscient. Alors, l’objectif est la libération des pensées et une réévaluation de l’expérience humaine. Après l’invention de la psychanalyse et ses thèses par Sigmund Freud sur le subconscient, les rêves jouent à nouveau un rôle primordial. Salvador Dali dépasse le mouvement esthétique et révolutionnaire du surréalisme par ses idées de l’aliénation de l’être et son jeu des contraires, du baroque vers le classicisme, de la tradition vers l’avant-gardisme !

Le déplacement de la réalité, appelé aberration visuelle, apparaît comme paradoxal et représentatif de l’artiste. Dali veut donner au rêve les couleurs de la photographie et rendre la perfection onirique et réaliste. La fragilité et l’exactitude de l’imaginaire sont préservées avec exigence !

Dali fournit des mystères avec une technique hors pair, respectant les valeurs des anciens maîtres comme Raphaël et Velasquez. Comme les artistes de la Renaissance, tel Léonard De Vinci, ses connaissances sont encyclopédiques ! Il y a un mystère Dali comme il y a un mystère Bosch (Hieronymus), grand peintre visionnaire du XVe siècle avec son cosmos de démons, proche de l’âme surréaliste également façonnée par une forme de pensée paranoïaque… d’où le célèbre aphorisme de Dali : “La seule différence entre un fou et moi, c’est que je ne suis pas fou“ ! Et pourtant  “Je suis fouuu du chocolat Lanvin” !! Éclairage d’André Masson, “nous vivions  tous… dans une impression d’ivresse extraordinaire, de liberté complète…”. L’oeuvre de Max Ernst reflète l’idée de cette époque dans son tableau “figure anthropomorphe”, tout comme Dali dans son tableau “playa anthropomorphica“.

Reste le plaisir de mentionner le peintre milanais du XVIe siècle, Giuseppe Arcimboldo (1526-1593). Ses fameuses têtes anthropomorphes sont redécouvertes en 1930 au Louvre par les artistes surréalistes qui considèrent cet artiste polyvalent comme un des précurseurs de l’art moderne.

Issu d’une famille de peintres de renom, Arcimboldo rejoint la cour de Vienne de l’empereur Maximilian II. Ses oeuvres se basent sur des inventions fantastiques comme lesdites têtes anthropomorphes composées de plantes, fruits, animaux et autres éléments. Celles-ci illustrent les quatre saisons, des portraits notamment de personnalités de la cour des Habsbourg et de différents métiers tels que juriste, bibliothécaire, sommelier et bien d’autres. Son oeuvre maniériste, typique de la Renaissance, s’inscrit également dans le contexte politique et philosophique du temps. Ces créations donnent lieu à diverses interprétations allégoriques et métaphoriques, mais restent énigmatiques.

Peintre officiel de la cour, les portraits d’Arcimboldo glorifient enfin la puissance de l’empereur humaniste et souverain sur les saisons et éléments.
Lors des expositions dédiées à Arcimboldo, les visiteurs du Louvre et du Palais du Luxembourg ont pu admirer ses peintures, il n’y a pas si longtemps. Elles ont fait un tabac, même au Sénat, face au “ genius senatus “… hallucinant, n’est ce pas !