Kufu, l’intuitif (Flash Bruxellois 9)
A Bruxelles, se succèdent réunions traitant des questions des réfugiés face à une catastrophe humaine alarmante, dictée par conflits et guerres terrifiants. La réalité est-elle devenue un mauvais rêve ou nos cauchemars la réalité ?
Un regard vers un passé même lointain est toujours intéressant ! Le présocratique philosophe grec Héraclite a formulé le fameux “panta rhei” signifiant “tout coule”. C’est le récit d’un monde en mouvement perpétuel déterminant nos pensées… Héraclite aurait répondu à la question pourquoi pleures-tu : “Je regarde toutes les choses humaines, comme tristes et lamentables, et rien qui n’y soit soumis au destin : voilà pourquoi je les prends en pitié, pourquoi je pleure. Le présent me semble bien peu de chose, l’avenir désolant : je vois l’embrasement et la ruine de l’univers, je gémis sur l’instabilité des choses…”.
Le philosophe décrit la dérive de l’humanité à travers sa violence aveugle, les atrocités de la guerre, de la souffrance et de l’injustice qui se répètent à travers les siècles. Pour Héraclite l’être est éternellement en devenir ! Conclusion : pour affronter un immobilisme paralysant, il nous faut courage, leadership et solidarité pour mobiliser les citoyens à forger une Europe forte rassemblant les cultures, basée sur paix et justice. Nos rêves de participer au progrès universel, au lieu d’ériger de nouvelles frontières, restent toujours vivants. Il faut persévérer dans cette voie en respectant le droit international qui règle les rapports entre les Nations selon la charte de l’ONU ! In fine, l’Europe est depuis toujours le berceau des inventeurs et fondateurs, pas question de perdre notre optimisme ou notre sens de l’humour !
Rien que pour la Belgique, Edouard Empain, né en 1852, entrepreneur et fondateur d’une célèbre dynastie industrielle belge, est exemplaire par son esprit d’ouverture à la découverte de nouveaux terrains d’activités. Empain exploite quelques carrières, fait rapidement fortune et mets la “Société des Railways économiques de Liège-Seraing et Extensions” sur pied, n’hésitant pas à se lancer dans les chemins de fer électriques pour les grandes villes.
Telles New-York, Londres et Berlin, Paris a projeté des lignes de métro à l’orée de son exposition universelle 1900. La Ville Lumière choisit Empain qui débute les travaux en 1897. Projet “pharaonique” couronné d’un grand succès comme bien d’autres en France. D’importants moyens financiers étant évidemment nécessaires, il fondât en 1881 sa propre banque d’investissement, plus tard devenue la Banque Industrielle Belge.
Séduit par l’Égypte, il réalise son rêve extravagant… ériger dans le désert, à l’emplacement supposé de l’antique Héliopolis, une ville complètement nouvelle et cosmopolite. Il s’associe avec Boghos Nubar Pacha, riche homme d’affaires local. Ils achètent pour un prix dérisoire, l’oasis d’Abbassiah de 2500 hectares, obtiennent la concession pour une ligne de chemin de fer électrique et l’autorisation de créer une ville-jardin, la future Héliopolis, “ville du soleil”. Deux architectes, le belge Ernest Jasper et le français Alexandre Marcel, concepteur de la célèbre Villa Hindoue, l’accompagnaient dans ces projets. Héliopolis prit forme … somptueux palais-hôtel, actuellement siège de la présidence d’Egypte, villas, hippodrome, piscines, terrains de tennis, aérodrome, lunapark, réseau de tramways. Et aussi, l’extravagante Villa Hindoue, réservée à son usage personnel, véritable joyau d’inspiration khmer, riche en ornements et statues des divinités hindoues, entourée de jardins luxuriants, fascine encore. En 1907, le Roi Léopold ll lui accorda le titre de baron.
Édouard Empain bâtit la basilique d’Héliopolis, copie réduite de Sainte Sophie de Constantinople, où il y repose selon ses dernières volontés. Héliopolis est une belle réussite d’un investissement belge, bien planifié par un amoureux de l’Égypte, sur la base d’une coexistence de différentes cultures.
Quel esprit humain, respectueux et élégant…